vendredi 23 avril 2010

Chronique d'une mort annoncée...

Comme des milliers d'usagers (clients ?), j'ai subi les conséquences de la dernière grève en région parisienne , qui a duré deux semaines. Dans mon souvenir, il n'existe pas une année où je n'aie connu de grève sur la ligne de Paris Nord, mais cette année a battu les records car les grèves perlées sont venues s'ajouter à une foule de menus problèmes sur ma ligne : feuilles d'arbres sur les voies (et si on arrêtait de planter des arbres tout près des voies ?), gel en hiver (c'est vrai qu'en même temps, ça ne fait que des millions d'années qu'il fait froid l'hiver et qu'en 150 ans, les chemins de fer n'ont pas eu le temps de voir venir), annulations de trains de dernière minute parce que le train précédent avait trois minutes de retard (voir le train passer sans s'arrêter alors qu'on est sur un quai sans aucun abri, gare fermée, par -10°C, et cela trois fois en deux semaines, c'est vrai que ça réchauffe le coeur), actes de vandalisme dans les trains, sur les quais, en gare (faut bien qu'ils s'occupent, les jeunes, hein), et j'en passe.
Alors, il est vrai que ce n'est pas très gentil de tirer sur l'ambulance (encore faut-il qu'elle passe), mais on a beau me répéter : "désolé, je n'ai aucune information à vous donner pour expliquer que votre train est supprimé", ou "désolé, le matériel est vétuste et tombe en panne, c'est normal", ou "prenez-vous-en aux gens qui commettent le vandalisme", "vous venez de parcourir 10 km en trois heures et on vous a débarqué en vous promettant un train, mais non, il n'y en a pas et il n'y en aura pas de sitôt, prenez le taxi, si vous n'êtes pas content", et malgré toute la sympathie que j'essaie de garder à l'égard d'une entreprise qui fait vivre la moitié de ma famille, je me dis que la SNCF va vivre des moments de plus en plus difficiles à force de tirer sur la corde des usagers.
La privatisation annoncée de la SNCF ne me semble pas une bonne option, pas plus d'ailleurs que pour l'enseignement : cependant, quand on est en charge du déplacement (et je parle de gens qui doivent pouvoir jouir d'un service qu'ils paient chaque année plus cher malgré la dégradation des conditions de transport) de millions de travailleurs, je me demande si l'on ne doit pas se sentir un peu plus responsable. Perdre une partie de son salaire pour avoir défendu des revendications, est-ce suffisant pour oublier que des milliers de franciliens ont supporté d'être traités moins bien que du bétail ? Peut-on en vouloir aux usagers d'être de moins en moins bienveillants à l'égard des cheminots ? On me dira que les grévistes défendent le service public : ce mode de revendication n'est-il pas devenu contre-productif pour tout le monde ?

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